Roger, mon frère, il faut se dire adieu !
Ces mots ont une étrange résonnance car jamais, ni toi, ni moi, n'avions pensé que ce moment, poutant inéluctable, viendrait un jour. Pendant tant d'années, nous avons vécu presque ; en symbiose, réelle ou simplement par la pensée; le problème de l'un était celui de l'autre, la joie de l'un, celle de l'autre. Ta place dans ma vie mais plus encore dans celle de ta femme et de tes enfants, était telle que le vide de ton absence restera à jamais béant. De quelques années mon aîné, tu as su, au cours de mon adolescence, par tes bons conseils et ton soutien, remplacer un père trop tôt disparu. Ton charisme et ta personnalité attachante, ta manière incomparable de susciter l'empathie avec ton sourire et ta bonne humeur, étaient appréciés de tous. Grand amateur de poésie et de chanson française, tu appréciais particulièrement G. Brassens, L. Ferré ou encore F.Leclerc dont tu reprenais volontiers les chansons pour le plus grand bonheur de ton entourage. Car c'était une autre facette de ton charme qui se révélait quand tes amis, réunis autour d'une table, attendaient avec beaucoup d'impatience le moment où, répondant aux sollicitations, tu entamerais, souvent en choeur avec Alain et Jean-Marc, tes chansons préférées.
Que de moments heureux nous reviennent ainsi à l'esprit ! Mais hélas, au cours des dernières années, tu as été cruellement frappé par un implacable destin. Les disparitions brutales de tes deux fils aînés et de ton petit-fils Adrien, t'ont infligé des blessures dont il n'était pas possible de guérir. Tu en a perdu l'appétit de vivre ! Dans notre chagrin, on cherche un réconfort à la pensée que tu as enfin retrouvé ceux qui te manquaient tellement.

Désiré Deuxant- 20-05-13